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L'Utopie à l'Ere de la Technologie

Katsuhiro Yamaguchi
2 février 1992

L'histoire de l'art du XXème siècle est aussi celle des individus qui ont rêvé l'utopie au sein de la société. Avec le développement des nouvelles technologies, les artistes ont ainsi redéfini le rêve de l'utopie. Certains, par une utilisation de la technique existante en tant que moyen, ont proposé de nouvelles méthodes de création des oeuvres d'art. D'autres, ne disposant pas de ces moyens, ont envisagé l'avènement de la technique en tant que possibilité sur le plan artistique.

Bien que réalisables techniquement, les projets artistiques furent dans de nombreux cas impossibles à concrétiser car nécessitant un apport financier trop important. Autrement dit, entre les projets et leurs conditions de réalisation se posèrent des problèmes techniques et économiques.

Les différentes attitudes artistiques semblent ainsi osciller entre deux extrêmes : la pratique de l'art qui utilise la technique à partir d'une position réaliste et le rêve des possibilités techniques qui révèle la valeur du non-réalisme propre au but artistique.

Ce guide est un répertoire des institutions publiques et privées, des centres de recherche et des écoles où se regroupent les artistes "utopistes". On se souvient d'Inkhuk et de Vkhutemas où s'étaient rassemblés ceux qui participaient au mouvement d'avant-garde constructiviste russe, du Bauhaus de Weimar, de l'Institute of Design de Chicago, du Black Mountain College en Caroline du Nord ou du Center for Advanced Visual Studies du MIT, centres fondés pour certains avant la Seconde Guerre Mondiale, qui ont tous témoigné du rêve de la technologie comme outil de l'utopie. En 1977 s'ouvre à l'Université de Tsukuba (Japon) la section Arts Plastiques et Mixed Media (Sôgô-zôkei), puis au début des années 1980, le Media Lab du MIT. Dans la deuxième moitié des années 80, seront fondés la Kunsthochschule für Medien de Cologne, le Zentrum für Kunst und Medientechnologie de Karlsruhe. 1991 a vu la création du Center of Art and Technology, l'un des départements de l'Institut National des Arts de Taiwan.
Parallèlement à l'essor de ces institutions sur le plan international, sont organisés des festivals et des expositions d'art électronique, ainsi que des échanges d'artistes, qui permettent de présenter en nombre oeuvres et performances.

Les utopistes de l'art et de la technologie ne font cependant pas toujours partie d'un centre de recherche ou d'une école. Certains d'entre eux poursuivent une entreprise autonome. Ceux qui se sont détachés des institutions ou ceux qui viennent d'obtenir leur diplôme universitaire ont difficilement accès aux ateliers de production.
Les oeuvres d'art, en principe uniques et originales, même si elles sont conçues en relation étroite avec la technologie et les médias, n'existent parfois que sous une forme expérimentale. Un atelier communautaire qui fonctionne sans but lucratif est alors nécessaire à leur production. Mais n'est-ce pas là l'utopie pour les utopistes ?
Afin de répondre à cette nécessité j'ai moi-même proposé, dans l'île d'Awaji au Japon, le projet de construction d'un centre pour les artistes qui s'intéressent à l'environnement et aux médias. Un comité s'occupe de réaliser le projet de base et procède actuellement à la répartition des terrains, avec l'aide du Conseil Régional. Conçu autour de deux ateliers, l'un pour les arts plastiques et l'autre pour les arts médiatiques, ce centre possèdera en outre une bibliothèque, un cinéma, un restaurant et un espace d'exposition. Nous devons investir aujourd'hui des régions dont le prix de la terre est encore raisonnable et non plus les grandes métropoles comme Paris, New-York ou Tokyo. Grâce aux nouveaux médias de communication, les "colonies d'artistes" se trouveront en effet beaucoup plus à l'aise loin des villes, tant sur le plan de l'espace que sur celui du temps.

La colonie d'artistes d'Awaji concentrera ses activités autour de la fondation d'une utopie, selon le "principe du papillon" de Charles Fourier, sur un mode d'habitation temporaire. Avec la formation de tels réseaux "utopiques" à l'échelle internationale, "l'espace de création d'images" se réalisera nuit et jour à l'aide des systèmes RNIS et des ordinateurs.
Nous entrons aujourd'hui dans une ère planétaire où ce type d'activité est devenu nécessaire.